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Le couple sacré

Ce passage au sujet du couple m'a beaucoup interpellée, car Michelle Brémaud y évoque des choses que je retrouve au sein de mon couple.

 

Lorsque j'ai rencontré mon compagnon, j'ai ressenti une profonde cohérence spirituelle, une simplicité, un cœur à cœur parfait, un partage de valeurs profondes non issues des cultures mais issues de l'âme. Une raisonnance, comme une vibration commune.

En revanche, je n'ai pas ressenti cet espèce d'élan amoureux irrationnel qui nous transporte jusqu'à parfois nous en faire perdre la tête, amour mêlé de peur, peur de perdre l'autre, besoin de jouer un personnage afin de toujours impressionner l'être aimé, l'être aimé fantasmé plutôt que vu tel qu'il est...je n'ai pas ressenti de passion, en somme. Non, au contraire, j'étais juste en paix, sereine, dans l'amour. 

 

C'était la première fois que j'étais émotionnellement calme lors d'une rencontre. En effet, les précédentes étaient donc plutôt passionnelles, amour-possession, amour-obsession, impression de ne plus pouvoir vivre sans l'autre et même pire : impression qu'il fallait me montrer sans cesse sous mon meilleur jour et non telle que j'étais. Autant dire que ces amours étaient exigeantes et fatigantes, émotionnellement et énergétiquement.

 

Pourtant, nous avons souvent l'impression que c'est cela, le véritable amour : passion déraisonnée qui nous fait nous perdre nous-même. Le cinéma ou les chansons nous donnent moult exemples d'histoires tragiques d'amoureux saisis par une folle passion, réduits à n'importe quoi pour approcher l'être aimé ("laisse-moi devenir l'ombre de ton chien, mais ne me quitte pas !" chantait désespérément Jacques Brel). Plus l'emportement émotionnel est fort, plus l'Homme se dégrade, et plus l'amour est jugé profond.

 

Je me suis moi-même parfois demandée : n'y a-t-il pas un problème si je ne suis pas tourmentée par l'amour ? J'ai parfois trouvé étrange de me dire "je pourrais tout à fait vivre sans lui...s'il partait je serais reconnaissante d'avoir passé ce temps avec lui...s'il me quittait pour une autre je serais contente car je veux qu'il soit heureux, et moi aussi". Mon bonheur n'est pas lié directement à lui.

Suis-je donc réellement amoureuse ?... 

Et pourtant...

Avec cet homme j'ai vécu en quelques mois plus de choses que je n'ai jamais vécues avec les autres. Et j'ai partagé ce que j'avais au fond de moi toujours rêvé de partager avec un homme : la foi. Prier avec lui. Évoluer spirituellement, s'influencer positivement l'un l'autre, s'inspirer mutuellement.

Et surtout, lorsqu'on me demande pourquoi cet homme et pas un autre, je réponds : avec lui, je suis moi-même. Pas de faux-semblants. Pas de négation de moi-même, de mes envies. Je suis restée la même. Cela peut paraître étrange de parler de soi quand on nous pose une question sur l'autre...pourtant aujourd'hui cela me semble vital. Encore plus en considérant cette dernière phrase de Michelle Brémaud : "le masculin s'accomplit dans son féminin, son féminin s'accomplit dans le masculin". C'est en étant moi-même, et lui-même, que nous nous accomplissons individuellement et en tant que couple. Ce qui s'accomplit en chacun (union sacré du féminin/masculin) s'accomplit aussi dans le couple.

 

L'amour est simple. Il est évident. Il n'a besoin de rien ni personne. Il donne et se donne.

L'amour respecte soi et autrui. Il révèle chacun dans l'unité.

 

Je me plais à dire que je ne suis pas amoureuse de cet homme, mais que je l'aime. Le sentiment amoureux, à mon sens, est léger, irrationnel et parfois trompeur : je suis déjà tombée amoureuse au premier regard, mais ce sentiment avait soudainement fuis après la première conversation ! Déception de la réalité qui remplace le rêve...

 

Alors que l'amour est chose profonde, non fantasmée mais ancrée dans le réel, dans le présent. Quand on aime quelqu'un, on veut réellement son bonheur ; ainsi on ne cherche pas à aller contre ce qui le rend heureux. Même si l'autre choisit d'être heureux sans nous...

C'est comme une personne de notre famille. D'ailleurs, j'ai souvent l'impression qu'il y a une sorte de lien fraternel entre lui et moi, deux âmes-sœurs ?...

 

Une autre chose qui m'a interpellée, c'est l'idée de ne pas nécessairement tout partager avec son conjoint. Effectivement, et c'est peut-être un comportement plus fréquent chez les femmes, nous imaginons l'amour comme une fusion parfaite où nous partageons tout ! Mais il n'y a pas une personne sur terre avec qui nous pouvons partager absolument tout...hormis nous-même.

Le fait est qu'il y a certainement une réflexion à avoir là-dessus, car nous recherchons souvent une personne qui nous ressemble, qui serait intéressée par les mêmes choses, qui aurait les mêmes envies, etc. Serait-ce nous-même que nous recherchons, au fond ?...il ne faudrait pas confondre ces 2 quêtes : la quête de soi, et la quête de l'Autre. Même si l'un mène souvent à l'autre...c'est un des beaux mystères de ce monde.

 

L'autre est, par définition, différent. Il ne partagera pas toujours mon point de vue. Il n'aura pas toujours les mêmes envies au même moment. Il y a des choses que l'on peut partager à fond avec son conjoint, et d'autres qu'on partagera mieux avec tel ami ou tel proche. Il y a certaines activités que l'on fera ensemble, d'autres que nous partagerons avec une autre personne.

"J'avais une vie avant de te rencontrer, des habitudes, des passions, des relations...qui continueront après notre rencontre. Car cela fait partie de moi."

 

Autrefois, j'aspirais à tout partager avec mon conjoint. Mais actuellement, il y a des choses dont je ne parlerai pas avec mon mari, car ce sont des choses que j'aime partager avec d'autres personnes. 

Cela ne doit pas nous faire peur, ni remettre en question notre "compatibilité". Au contraire, sans altérité, il n'y a pas de rencontre...rencontrer réellement autrui implique que je sois différente de lui. Si je m'identifie trop à l'autre, alors il y a relation déséquilibrée, non respect de soi-même, et souffrance.

Ainsi, la fusion du couple ce n'est pas de se ressembler et de tout faire ensemble : c'est de se rencontrer et partager chacun et nos ressemblances, et nos différences. En tout acceptation et tout amour. Nos différences ne sont pas source de conflit, mais source d'émerveillement et de partage.

 

Merci à Michelle Brémaud qui a mis des mots sur ce que je ressentais, et levé certains doutes sur la nature de l'amour conjugal. Comme quoi, il est important de se faire confiance : nous sommes capables de sentir ce qui est juste. Lorsque l'on fait silence et que l'on éteint la voix du monde qui nous entraîne souvent dans des schémas de penser égotiques et ultra-émotionnels...